Varia , tourbillons , planétaire , étoiles fixes , spéculations
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Smith et Chamberlain*). 12 Sept. 86.
Pensees meslees[ 1686 ]§ 1.°) En tracant la figure de l'orbe lunaire autour de la terre, que je place sur un morceau de son grand orbe il faut marquer le mouvement journalier de la terre, et en quel espace du grand orbe elle fait un tour de 24 heures.
*) Nous ignorons de quel Smith et de quel Chamberlain il est question. [...] °) On voit Huygens toujours occupé en esprit à perfectionner son planétaire; mais nous ne trouvons pas qu'après van Ceulen en 1681 - 1682 il ait engagé aucun autre ouvrier à réaliser ses projets. ) Ici, c'est à la future Description du planétaire que Huygens songe [...]. [>] |
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Les corps du soleil et des planetes excedent beaucoup leur veritable proportion, comme aussi les orbites des satellites. En marge: Il faut dire comment on met les planetes a leur place, au jour donnè qui sert d'Epoque.
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§ 8. N'ayons pas l'orgueil de nous croire seigneurs de toute la nature. C'est desia plus que nous pouvons demander d'estre &c. Vid. D. Pouwer Magnetical Exper. pag. 164*).
*) "Experimental Philosophy, In Three Books: containing New Experiments microscopical, mercurial, magnetical. [...]". By Henry Power [...] 1664. [...] On trouve en effet à la p. 164 (dernière page du Chap. IV des "Magnetical Experiments", intitulé "That the World was not made Primarely, nor Solely for the use of Man, nor in subserviency unto Him and his Faculties") ce qui suit:
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§ 12. Argument de la vertu centrifuge pour le systeme nouveau.
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180 160 180 160 _________ _________ ......... ......... 32400 25600 totuplex lux solis ad 25 lucem lunae. _________ ......... 810000 totuplex lux lunae 810000 ad lucem Jovis vel _________ Sirij. ......... 20736000000 totuplex lux solis lucis Sirij. [>] |
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§ 16. Descartes (voyez pag. 127) n'a donnè, comme il me semble, du mouvement a toute la matiere qui environne les fixes, c'est a dire il n'a fait ses tourbillons aussi grands qu'ils pouvoient estre et qui se touchent, que pour trouver du mouvement aux cometes, y adjoutant que la matiere aux extremitez des vortex fait son tour en un mois peutestre*), et qu'ainsi elle est beaucoup plus viste que celle de vers Saturne [>]. En marge: si cette matiere celeste est capable d'accelerer le mouvement des Cometes, comme veut des Cartes, elle devroit aussi en allant contre leur mouvement les arrester ou beaucoup retarder. mais j'en ay vu qui alloient contre le mouvement du tourbillon. Moy je cherche le mouvement des Cometes de leur embrasement comme aux fusees. [<] Mais comment ne sont elles pas emportees par la matiere etheree qui porte les planetes. car j'en scay qui sont allè contre le flux de cette matiere. Je respond que c'est la grande liquiditè de cette matiere qui fait aisement place a un corps qui recoit du mouvement d'ailleurs, quoyqu'il emporte d'autres corps qui sont une fois en train d'aller avec elle. Elle leur peut accelerer et diminuer mesme un peu leur mouvement suivant l'equation physique de Kepler°). *) "Renati Des-Cartes Principia Philosophiae. Ultima Editio cum optima collata, diligenter recognita, & mendis expurgata". Amstelodami, apud Danielem Elzevirum, Anno MDCLXXII. A la p. 127 citée par Huygens commence le Cap. CXXXVI de la Pars Tertia [1644, 176]: "Explicatio apparitionis comae". A la p. 120, dans le Cap. CXXIX de la même Pars il est question des "vorticum extremitates, ubi materia coelestis tam cito movetur, ut intra paucos menses integrum gyrum absolvat, quemadmodum suprà dictum est" [1644, 167]. °) [...] Il s'agit de l'équation v1 : v2 = 1/√r1 : 1/√r2 qui pour les planètes (en supposant leurs orbites circulaires et concentriques) résulte de la troisième loi de Kepler, et que Huygens applique aussi à la matière des vortices deferentes qui à son avis les charrient.
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D'ou vient donc qu'on ne s'appercoit point de ce grand mouvement de la matiere etheree. Est ce que cette matiere est remuee autrement pres de la terre. ou que la proportion ne continue pas jusques la. ou que la surface de la terre est capable d'arrester le mouvement de cette matiere. Si cela est et de mesme au soleil, c'est bien tout le contraire de ce que Kepler veut que le soleil meuve les planetes.
Quand le fil venant de la terre (a la quelle il doit estre atachè) et passant par la planete, seroit horizontal, la planete seroit dans nostre horizon. S'il penchoit vers la terre, la planete seroit sous nostre horizon; et s'il s'elevoit, elle seroit au dessus du mesme horizon.
Au cercle mobile aa qui porteroit la machine, il faudroit attacher vers le pole une roue bb de 365 dents, qui seroit remuè par une autre d de 61 dents enfermée dans bb, et qui tourneroit 6 fois en 24 heures. Cela seroit qu'en 24 heures la machine feroit un tour et encore 1/365 d'un tour de l'orient vers l'occident, parce que 6 fois 61 dents font 366 dents, qui engrainent dans les 365 dents de la roue bb. |
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Cela doit estre ainsi, afin que le fil qui vient de la terre par le soleil, responde tous les midis au meridien fixe. L'axe ou plustost les deux petits bouts d'axe, sur lesquels tourneroit le cercle aa, doivent estre fixement attachez au meridien ee, comme aussi toute l'horloge dont la roue d fait partie. En marge: l'horologe ayant un mouvement egal fera que l'ecliptique et les lieux des planetes indiquez par le fil s'accorderont avec les veritables dans le ciel, et l'equation du temps [<] y sera comprise. Mais cette horloge s'ecartera du soleil suivant l'inegalitè du temps egal au temps apparent. Au dessus du pole il y auroit un cercle divisè en deux fois 12 heures avec un indice pour les montrer, cet indice tourneroit par le moyen de l'horloge, mais non pas en mesme espace des temps que le cercle aa portant la machine. Les cercles equateur, horizon n'y doivent point estre, parce qu'ils embarasseroient trop les operations ou il faut tendre le fil. Il ne faut que le cercle aa et le meridien fixe et deux pieds ou il y ait des coches pour l'y faire entrer et une autre coche au bas. On pourroit suspendre simplement la machine de cette facon, et pour la mettre a toute heure dans sa veritable position, il faut la tourner jusqu'a ce que le fil de la terre par le soleil viene au meridien fixe, et mettre alors l'indice qui est au pole sur les 12 heures. Puis tourner derechef la machine jusqu'a ce que cet indice soit sur l'heure presente. car alors le plan de la machine sera parallele au plan de l'ecliptique. &c. Dans le couvercle on peut faire une petit ouverture pour defaire la vis, quand on veut tourner avec la manivelle.
[ *) Cf. le planétaire de Johannes van Ceulen de 1682. Vue de face: huygens.pdf, 39.] [>]
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Quae de coeli siderumque rationibus longo studio vigiliisque et nostro praesertim hoc aevo deprehensa sunt, ejusmodi mihi videntur ut ab omnibus naturae rerum non plane incuriosis cognosci mereantur. Mitto enim vetera illa etsi praeclara quo pacto syderum loca ortusque atque obitus definiantur, eclipsium tempora ad calculos revocentur quae omnia poterant astronomiae ac mathematicarum studiosis relinqui. Nunc vero cum mundi totius formam ordinem ac magnitudinem investigaverint, quid stellae inerrantes quid planetae [autre leçon: vagae] sint quoque loco inter coelestia corpora haec nostra quam incolimus terra censenda sit ostendunt idque ijs rationibus quibus passim docti ingenioque praestantissimi viri assentiantur, quisnam aut physices studiosus aut paulo super vulgus sapere cupiens non haec cujusmodi sint sibi inspicienda existimet. Quae quoniam omnia ....
Etenim ad investigandi rationem quod attinet, si quis exilitatem humani corpusculi ad coelestium regnorum amplitudinem comparet, an non merito miretur artes eas quarum fiducia tantum opus aggredi nos acari et formicae*) ausi simus. An non divinam quandam rem esse fatebitur geometriam cujus potissimae hic partes sunt quae triangulis circulisque ingeniose confictis ex minimis maxima colligere docet. Jam solertiam in excogitandis fabricandisque instrumentis, studium diligentiamque in administrandis, quis non agnoscat; quae syderum apparentia intervalla ac visas distantias explorando Geometriae et Arithmeticae ratiocinijs materiam conferunt [copiam comparant, suppeditant]. *) Il nous semble que Huygens, en s'exprimant ainsi, est encore sous l'influence de H. Power qu'il citait au § 8 qui précède [<]. En effet, à la page 164 déjà citée Power s'exprime ainsi: "What are we then but like so many Ants or Pismires, that toyl upon this Mole-hill, and could appear no otherwayes at distance, but as those poor Animals, the Mites, do to us through a good Microscope, in a piece of Cheese?". |
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§ 24. Ayant trouuè et fait executer depuis peu une machine automate [<] qui represente les mouvements des Planetes dont la construction est d'une facon particuliere et assez simple a raison de son effect, au reste d'une grande utlitè a ceux qui estudient ou observent le cours des astres. Plusieurs de ceux qui l'ont vue m'ont exhortè et sollicitè d'en donner la description a fin que l'invention ne perist pas avec le seul modelle qui en a estè fait, mais que l'on pust en tout temps en faire bastir de semblables. Et je le fais d'autant plus volontiers que cet ouvrage contient un abbregè de toute l'astronomie, et qu'il offre une maniere facile pour en apprendre tout le detail. Je scay que plusieurs s'abstienent de l'estude de cette noble science effrayez de sa trop grande difficultè, qui provient en partie de l'obscuritè des autheurs qui en ont traitè, et vel maximè de ce qu'ils expliquent non seulement le veritable systeme de l'univers, mais encore l'ancienne doctrine de Ptolemee, et les imaginations peu raisonnables de Tycho Brahe, chargant ainsi l'esprit de plusieurs idees confuses et superflues. Ils verront donc icy qu'en s'arrestant uniquement au systeme veritable la chose n'a rien d'embarrassant, mais qu'elle est aisée et naturelle. Il est vray que l'on n'est parvenu a cette parfaite connoissance que par le long et rabotteux chemin des suppositions des anciens, et qu'il faut mesme admirer et leur industrie et leur grand travail. Mais il nous est permis de jouir du fruit de leur inventions sans errer par les mesmes destours qu'ils ont suivi. Apres que le bastiment est achevè l'on oste les echafaudages pour contempler la beautè de tout l'ouvrage. Or l'on ne scauroit plus nier que ce bastiment de l'astronomie ne soit achevè depuis que Copernic l'a rectifiè de nouveau en se servant pourtant des vieux materiaux, et que Cepler et en suite les heureux observateurs de ce siecle y ont mis le comble et la derniere main. Tous ceux qui sont versez en l'astronomie, pourvu que d'ailleurs ils aient l'esprit sain et libre de prejugez, ne scauroient plus revoquer en doute ni le mouvement de la Terre en 24 heures, ni son mouvement autour du soleil parmy les autres planetes.
Je scay que necessairement le peuple ignorant sera eternellement contraire a cette opinion, et qu'elle doit luy paroitre absurde. Mais ceux qui estudient les mouvements celestes la trouvent si bien confirmée par une infinitè d'arguments que s'ils ont le jugement sain et libre de prejugez ils doivent reconnoistre que c'est la mesme veritè et que l'on ne scauroit autrement rendre raison des apparences sans poser des choses absurdes dans la nature. |
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Pour moy j'estime la connoissance de ces choses et de ce que l'on scait maintenant des distances et grandeurs des corps celestes non seulement l'une des plus belles, des plus agreables et des plus merveilleuses ou les hommes puissent parvenir, mais aussi celle qui nous fait d'avantage concevoir la grandeur et la majestè de l'autheur du monde, et dont l'ignorance est necessairement accompagnee de beaucoup d'opinions absurdes. Partant je croy la peine bien employee, si je puis faciliter le moyen discendi cupidis pour participer a un bien si considerable.
Qu'on trouvera peut estre que je parle avec trop d'assurance de la certitude de cette science pendant que plusieurs doutent encore si l'on peut comprendre la veritè en ces choses et que d'autres tienent qu'elle est entiere dans l'hypothese de la terre immobile. Auxquels je responds que ceux qui &c. |
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§ 27. Laissant donc de traiter plus particulierement touchant ces arguments je continueray a tracer l'idee que je me suis proposee. Les proportions par figure des corps planetaires comme placez contre le soleil*). Exprimees en nombres. En passant, de la grandeur eminente du soleil, et en suite de et . Que j'ay donnè le premier°) ces proportions fort differentes des autres astronomes. que je remets de les prouver par apres avec la methode pour les diametres apparents. Ces autres sont certaines. Que la moins certaine est celle de la terre; que je diray par ou je l'ay determinée. Biffé: que je vois qu'on l'approuve, mais qu'elle a estè confirmee par les parallaxes de et par Cassini et Picard que de cette proportion de la terre il s'ensuit la distance du soleil de mille diametres plus grande qu'aucun ne l'eust posée. Anciennement combien on faisoit cette distance petite et le soleil par consequent. [>]
[ *) Cf. p. 694: figure dans Cosmotheoros (1698).] °) Dans le "Systema Saturnium" de 1659 [p. 77-]. |
En marge: |
Nec residis terrae damnatos sedibus imis esse homines credas vilem aut miserescere sortem. quam colimus vehitur media inter sidera tellus. coelo habitas, tecumque domus, tecum arva feruntur silvaeque. |
§ 29. Grande idée exprimee par figure imaginee. mieux que par les nombres. Orbite terrestre de 40 pieds de rayon, le diametre du soleil estant de 4 pouces comme dans la figure precedente et les planetes de mesme. Petite portion de cette orbite avec la terre, l'orbite de la lune et la lune mesme dans leur proportions.
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L'orbite de la terre comme un point a cette distance. Par la hauteur du Pole egale en toutes les saisons, par la distance invariable des fixes entre elles, et de celles qui sont proches avec la lunette. Hook°). Mieux que luy en supposant qu'elles sont des soleils, et en prenant une petite parcelle du soleil par un trou a mettre un cheveu et s'en eloignant jusqu'a ce que cela paroisse comme une des plus grandes fixes. supposant qu'elle soit egale au soleil. [<,>]
*) Comparez la p. 807 qui suit du Lib. II du "Cosmotheoros". °) Huygens entend sans doute parler de la brochure de R. Hooke de 1674 "An attempt to prove the motion of the earth from observations" [...]. L'auteur y décrit ses efforts (vains, il est vrai) pour découvrir la parallaxe de certaines étoiles due au mouvement de la terre autour du soleil; il reste persuadé, malgré l'opinion de Tycho Brahé, de Riccioli, de Tacquet et d'autres, que ce manque de succès n'est pas dû à l'absence de toute parallaxe, mais seulement à sa petitesse (selon lui, pour une étoile déterminée, la parallaxe "may be about 27 or 30 seconds"). Il est presque superflu de dire que Hooke suppose, de même que Huygens, que les étoiles sont des soleils (p. 6: "supposing all the fixt Stars as so many Suns"): la remarque de Huygens "Mieux que luy" se rapporte à la méthode de Hooke d'évaluer les grandeurs des étoiles, basée sur l'estimation de leurs parallaxes et sur l'évaluation également incertaine, ou plutôt fautive, de leurs diamètres apparents. [fig.]
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Mais j'ay pensè depuis qu'ils s'excluent eux mesmes, par ce qu'ils rejettent d'abord ces speculations comme absurdes, ne concevant pas qu'il se puisse faire qu'on puisse parvenir a connoistre la disposition ni la mesure de choses si eloignees. En marge: Ces reflexions peut estre ailleurs.
*) [...] Il est fort connu que Kepler mit les distances des planètes du soleil en rapport avec les cinq corps réguliers dans son "Mysterium cosmographicum" [...] de 1596; idée à laquelle il resta toujours attaché quoique plus tard avec quelque réserve.
Establissement des tourbillons. Necessitè, parce qu'autrement les corps circulants s'eloignent du centre. Confirmez par le mouvement de toutes vers le mesme costè. Argument contre Tycho que le tourbillon du soleil elideroit et absorberoit le tourbillon de la terre. |
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§ 36. Que les planetes sont semblables a la Terre. Leur mouvement sur leur axe. Les lunes de Jupiter et Saturne, decouvertes par moy et Cassini. Regardent Jupiter et Saturne d'un mesme visage comme la nostre. [>]
[ *) Cf. Adr. Auzout, 'Lettre a monsieur Oldenbourg' (le 12. Aoust 1665) in Reponse de monsieur Hook ... lettres (1665), p. 18-33: "M. Hook veut ... découvrir des Animaux dans la Lune".]
Que quoyque Dieu ait ainsi disposè ces choses, pourtant il est certain qu'il agit par les loix immuables de la nature, et qu'il est autant permis de rechercher dans ce bastiment du monde la suite et l'efficace des causes naturelles que dans la production du flus et reflus de la mer, du tonnerre, de l'arc en ciel et autres choses de cette sorte. [>] |
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§ 41. Que quand nous voions dans le systeme du monde des choses qui sont d'une certaine façon, qui auroient pu estre autrement; il me semble que nous en pouvons tirer un argument certain qu'elles ne sont pas de toute eternitè. La terre est spherique par exemple, ayant pu estre cubique, ovale ou irregulierement difforme. Donc il y a eu une cause de sa rondeur, c'est a dire quelque cause naturelle ou loy du mouvement qui l'a ainsi arrondie, donc il y a eu un temps que sa matiere n'estoit pas encore ainsi conglobée, donc ce globe est tel depuis un temps defini. La terre est d'une certaine grandeur, ayant pu estre plus grande ou plus petite. Elle tourne d'un sens dans un certain temps, ayant pu tourner de l'autre sens, ou ne point tourner, ou tourner plus lentement ou plus viste, donc il y a eu des causes de tout cela, donc il y a eu un temps que tout cela n'estoit point. En marge: haec omittenda, omittenda. [>]
Le soleil de mesme est rond, d'une certaine grandeur, tourne en 27 jours sur son axe, cet axe decline de 7 degr. de l'axe de son tourbillon qui emporte les planetes, les quelles choses auroient pu estre autrement, donc le soleil aussi n'a pas estè tousjours. Or le soleil et la terre et les autres planetes de mesme ayant eu un commencement, les hommes, animaux, plantes &c. ont eu un commencement. Ces raisonnements nous menent a la contemplation de Dieu, en qui il paroit, par ce que je viens de dire, qu'il ne faut rien concevoir qui pourroit estre autrement qu'il n'est, parce qu'il doit estre eternel.
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§ 43. Quelle merveille n'est ce pas de plus que la premiere plantation des animaux sur la terre, et qui peut la concevoir sans une operation particuliere de Dieu. Qu'ils me disent ceux &c une maniere possible comment la chose s'est passée dans ce commencement. En marge: contre Lucrece*). Ne pouvoient estre enfants°).
*) Lucrèce (T. Lucretius Carus), dans le Lib. V de son "De rerum natura" se dit convaincu que l'origine des choses n'est pas divine; il est d'avis ou semble être d'avis que, puisque le temps est infini, tout ce qui existe a pu, et dû, se former par des combinaisons fortuites sans l'intervention d'aucun facteur intelligent ou spirituel: V. 195 - 199 [...] "nequaquam nobis divinitus esse paratam / naturam rerum."; V. 416 - 431 [...] "omnimodisque coire atque omnia pertemptare". Toutefois en un autre endroit de son poème Lucrèce s'écarte de ce système en douant ses atomes d'une certaine préférence ou inclination: nous parlons du fameux "exiguum clinamen principiorum" du vers 292 du Lib. II, que le poète justifie par les mots (Lib. II, v. 284 - 286) "... in seminibus ... fateare necessest / esse aliam praeter plagas et pondera causam / motibus" etc. D'ailleurs la pesanteur elle-même n'est-elle pas chez Lucrèce, comme chez Démocrite et Epicure, une tendance inhérente à la matière? Comparez, à la p. 435 qui suit, la préface de Huygens au Discours de la Cause de la Pesanteur tel qu'il fut publié en 1690. Nous observons encore que Lucrèce ne nie pas les dieux mais qu'il est d'avis qu'ils ne s'occupent point de notre monde; Lib. II, v. 646 - 648. °) C.à.d. les premiers hommes qui aient paru sur la terre ne pouvaient être de jeunes enfants qui, sans parents, auraient péri. Comparez la p. 709 qui suit. [ "Il semble que dieu nous ait donné expres le moien de nous instruire des choses de l'astronomie, nous placant sur la terre mobile dans l'orbe annuel, d'ou nous paraissent les distances des planetes, impossibles sans cela. le tour journailler de la terre, pour en concluer le mesme des autres. une lune immobile. un soleil pour connnoitre les Estoiles.", HUG 28, f.127bis v, avec petite figure.] |
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§ 44. Proportion des orbes Planetaires dans une figure sans lune ni satellites. Lieux des aequinoxes sont a peu pres dans un mesme plan que la terre. Proportions avec le soleil et les planetes par figure. Jupiter un peu plus petit. Que j'ay montrè dans mon traitè de Saturne comment ces grandeurs se connoissent par les diametres apparents et par les proportions susdites des Orbes [<]. La seule grandeur de la Terre est aucunement incertaine, les autres certaines entre elles. Comment j'ay defini celle de la terre, qui est le grand probleme parmy les astronomes (en marge: que j'ay excedè tous les autres. Ricciolus que l'on m'a alleguè, peu exactement) que les observateurs par la parallaxe de Mars l'ont confirmée. qu'autrement il y auroit eu quelque raison de faire la terre plus grande que ou a cause qu'elle a un satellite. Absurditè si l'on mettroit le soleil avec quelques uns seulement 600 fois plus grand que la Terre. Aristarchi mensura*). Grandeur des demidiametres des orbites en diametres de la Terre par nombres. Que par une figure imaginee je vay exprimer mieux que par nombres la grande Idee du Systeme Planetaire dans une grande plaine. Orbite terrestre de 40 pieds de rayon pour y mettre au milieu le soleil cy dessus de 4 pouces et demi. et la terre comme elle y est comme un grain de moustarde. Petite portion de l'orbite terrestre icy representée, avec le chemin de la lune et son corps [<]. Revolution journaliere de la terre combien elle occupe de son orbite. *) Dans le Traité "Aristarchi de magnitudinibus et distantiis solis et lunae liber cum Pappi Alexandrini explicationibus quibusdam, a Federico Commandino Urbinate in latinum conversus etc." Pisauri [1572], apud C. Fransischinum J. Wallis en donna une nouvelle édition en 1688 en publiant en même temps, pour la première fois, le texte grec [Opera, 1699] Aristarque arrive à la conclusion (Prop. XV et XVI) que le rapport des diamètres du soleil et de la terre est compris entre 19/3 et 43/6, donc celui des volumes entre 6859/27 et 79507/216, c.à.d. entre 254 et 368. Nous ignorons pourquoi Huygens parle ici de "600 fois" ce qui est d'ailleurs du même ordre de grandeur. Il cite probablement de mémoire. |
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§ 45. Reflexion sur la petitesse de la Terre et des hommes. Et d'un autre costè de leur grandeur. de l'esprit par lequel ils comprennent ces choses en recompense. Qu'il y paroit quelque chose de divin. Que nous scavons [que nous] sommes dans le ciel parmy les astres placez comme il faut pour mesurer tout. Reflexion sur nostre bonheur d'estre nez dans ce siecle ou nous jouissons du travail de tant d'autres. Que n'auroient fait ces grands homme de l'antiquitè ... Anaxagore ...
Idee de la grande distance par un boulet de Canon allant egalement de toute force que je mets aller aussi viste que le son, quoyque l'on dit que la vitesse d'un boulet est moins grande. 3 ans et plus en chemin entre la terre et le soleil*). 30 ans du soleil a Saturne. &c. *) Plus tard Huygens corrigea le chiffre 3 en 25: voyez l'Appendice IX au "Cosmotheoros".
Par la supposition des fixes egales au soleil. cent mille fois plus eloignees que la terre n'est du soleil [<,>]. Ce sont les plus proches et qui scait combien de millions d'autres dispersees dans l'univers [alinéa également biffé].
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J'ay trouvè en moy que cette reflexion sert a reveiller dans mon esprit l'attention pour la contemplation des choses naturelles et a chasser cette insensibilitè que fait naitre l'accoutumence. Je m'imagine la relation que feroit ce pelerin revenu de la terre dans Saturne ou Jupiter. Comment premierement il leur depeindroit la difference de choses celestes vues d'icy. Puis de nos Elements. arbres. animaux. hommes. leur figure. arts. Sciences. bastiments. Nouriture. gouvernement. gueres. Moeurs [?]. Religion. Qu'ils ont la vue pour contempler ces merveilles qui assurement n'ont pas estè faites pour nous seuls et nostre contemplation. Car la plus grande partie n'est point appercue ni scüe de nous, et de ce qui est exposè a nostre vue y en a-t-il un parmi cent mille qui les contemple avec quelque attention, et comme elles meritent.
De mes lunettes de 125 pieds. qu'il pourroit y avoir pourtant quelque espece d'animaux et plantes nourries d'une autre substance que d'eau que le soleil ne peut resoudre en vapeurs.
Lunes des planetes tournent aussi le mesme costè a leur principaux. Cela paroit par l'extreme de Saturne. *) Huygens cite le livre "ΠΑΝΣΕΛΗΝΟΣ Εκλειπτικη Διαυγαζουσα Id est Dissertatio Astronomica quae occasione ultimi lunaris anni 1638 deliquii Manuductio sit ad cognoscendum I Statum Astronomiae, praesertim Lansbergianae. II Novorum Phenomenωn Exortum & Interitum". Autore Ioanne Phocylide Holwerda, Franekerae, Typis Idzardi Alberti, ejusdemque & Ioannis Fabiani Theuring, impensis. 1640. (Nous ajoutons que Holwerda [<], cité e.a. à la p. 83 du T. XVIII, publia en outre, à Harlingen, une "Friesche Sterre-konst" en 1652 et 1653 ['63]) [et une Epitome astronomiae, Fran. 1642]. A la p. 264 nommée Holwerda parle en effet, à propos des "Lunae deliquia", d'un "vaporosus Lunae undique circumfusus orbis", c.à.d. d'une atmosphère. |
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§ 55. J'ay parlè jusqu'icy du seul systeme autour du soleil, des globes qu'il enferme et de l'estendue qu'il peut avoir. Qui estant grand comme nous avons fait voir, ce n'est qu'une minima pars mundi. Pour avoir la veritable idee du monde il faut passer en suite aux estoiles fixes que l'on estime aujourd'hui et avec beaucoup de raison estre autant de soleils, ou estre chacune semblable a un soleil, en sorte que l'opinion des anciens Philosophes Democrite et des modernes le Cardinal de Cusa*), Brunus et autres qui ont passez auparavant pour des chimeres sont devenues des veritez ou fort probables. Touchant les quelles il faut premierement scavoir que quoy qu'elles nous semblent toutes dans une mesme surface de sphere, il est pourtant fort peu vraisemblable qu'elles seroient de cette maniere, car on scait que cette apparence ne prouve rien parce qu'elle fait paroistre la lune, le soleil, et les planetes dans cette mesme surface de sphere quoy qu'elles n'y soient point. De plus estant constant que les fixes ont leur propre lumiere comme le soleil, et n'y ayant rien qui empesche de croire qu'elles ne soient aussi grandes que luy, l'on peut dire que ce sont en effet autant de soleils, et le nostre un de leur nombre. Elles ne sont donc pas dans une mesme surface spherique parce qu'autrement nostre soleil y seroit aussi ce qui n'est point. Or la grande distance des fixes (en marge: opinion de Kepler que le soleil est entourè d'un bien plus grand espace que les fixes. ses raisons nulles) paroit premierement de ce que tout le grand orbe que la terre parcourt n'est pas assez grand pour causer aucune visible parallaxe ou variation de vue dans ces estoiles, quoyqu'il y en ait qui ont cru en avoir trouvè de ... *) [Nicolas de Cusa, Cusanus (1401 - 1464) ...] "De docta Ignorantia", où l'auteur parle e.a. (p. 40-41) des "aliarum stellarum habitatores, qualescunque illi sint ... suspicantes in regione Solis, magis esse solares claros & illuminatos, intellectuales habitatores, spiritualiores etiam quam in Luna ... suspicantes nullam inhabitatoribus carere, quasi tot sint partes particulares mundiales unius universi, quot sunt stellae: quarum non est numerus ... nisi apud eum qui omnia in numero creauit". [>] |
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qui si elle y estoit se feroit appercevoir de plus d'une maniere quand mesme les fixes ne seroient que egalement distantes, mais si elles sont dispersees et les unes sont beaucoup plus eloignees que les autres il arriveroit que les distances apparentes de quelques prochaines changeroient a la vue, sur tout entre quelqu'une des plus proches de nous et une qui seroit plusieurs fois plus eloignee, ce qui pourtant ne s'appercoit point, non pas mesme avec les telescopes. En marge: Ces raisons plus succinctement ou renvoier a Des Cartes et autres.
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En marge: 30' 60" 108000'" | Soo de son 100000 mael verder waer, dan soude sijn diameter 1" sijn. op 57 voet is 1 voet een graed, 1/5 duijm een minut, 1/300 duym een second. 1/18000 duijm een terce. sulcken gaetje kost men maecken van de son door te sien met een buys van 57 voet. maer men kan 't soo kleyn niet maecken en noch min meten. |
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la dissemblance estant seulement que les tourbillons dans le lac sont dans une seule surface et ceux du ciel dispersez dans un espace estendu de tous costez. Il paroit qu'il n'a pas considerè la petitesse su systeme planetaire a l'egard de la distance des fixes quand &c. Voyez pag. 2 retro [<] ou je parle des Cometes.
[ *) Cf. The Sand Reckoner, L'Arénaire.] |